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Journal d'Inde



Jeudi 05 octobre 22, Mysuru


India…


Comment pourrais-je écrire sur ta beauté ? Par où commencer pour décrire ce qui m’anime ?

J’ai l’impression d’avoir toujours fait partie de toi, et en même temps tout est un objet de curiosité. Rien n’est vraiment étranger et tout est exotique aussi.

Je me sens chez moi, pas vraiment différente, pas vraiment la même.

Tu es chaos et calme à la fois.

Tu es vie et mort.

Tu es couleurs, nuances, odeurs, sons.


Parfois je me sens comme bercée par cette marée humaine, comme dans un océan de bruits et de couleurs.


Merci pour cet accueil Mama India.


***


Mercredi 12 octobre 22, Mysuru


Il se passe des choses ici en Inde, comme si ce pays était une sorte de catalyseur. Les émotions ressurgissent à l’image des contrastes qui existent au sein du pays. Des choses qui étaient enfouies remontent à la surface.

La pratique comme un miroir, un sas, une extase, un couloir de pleurs et de sourires.

Passer d’une vie solitaire à une vie communautaire.

Mon ego comme un lion prend soudain une place prépondérante.


***


Jeudi 13 octobre 22, Mysuru


Lots of emotions passing by. Sadness, anger.

Des pleurs remontent, les poumons sont essoufflés, essorés par les extensions.

La colère prend place là où je ne m’accepte pas.


***


Lundi 17 octobre 22, Mysuru


A quoi servent les mots quand ils ne peuvent exprimer ce qui n’a pas d’expression ? Le silence est la réponse au tumulte intérieur.

L’absence de son est en soi une vibration.

Le silence comme le vide, l’absence, la mort.

Le silence vide et plein, vivant de ne pas être défini et appelé.

Le silence comme espace de Vie, création, maintien, destruction, fin.

Retour à la maison.

Plongée dans le for intérieur du Soi, silencieux, vide et plein.

Silence. Arrêt. Mort. Vie. Plein. Inspire. Expire.

Breathe.


-


L’impression d’être parfois au cœur de Soi.

Des larmes coulent en regardant un paysage, pourtant presque quelconque. Mais ici tout prend une tournure plus intense. L’impression d’être exactement où j’ai voulu être depuis longtemps.

Ici pas la place pour se mentir. Ce qui n’a pas été « réglé » ressort, de même que les envies les plus profondes.

Le sentiment qu’ici je me rapproche de ce qui est vraiment essentiel. Je suis touchée en plein centre. Je n’ai besoin de rien d’autre en ces instants je suis pleine et pleinement vivante. Reconnaissante, heureuse, pacifiée.

Je ne comprends pas ni n’accepte que je doive repartir si tôt, alors que le voyage au cœur de moi-même commence vraiment et presque à peine.


Aqui & agora.


***


Mercredi 19 octobre 22, Mysuru


Clockwise and anticlockwise, that’s the way you make me feel, India.

Montée, descente. Escalade d’émotions, de façons d’être à Soi et au monde.


***


Vendredi 21 octobre 22, Mysuru


Je me suis rendue compte que j’ai un grand besoin de Communion. Que je suis certes toujours entre deux voies : celle du plaisir des sens, de l’attraction pour la forme, et celle de la dévotion, de l’ascèse. Mais dans l’une comme dans l’autre ce que je cherche c’est toujours l’UNION. Qu’elle prenne la forme d’une personne idéalisée ou d’un éveil, idéalisé lui aussi.


***


Lundi 24 octobre 22, Mysuru


Le départ approche, je peux le sentir dans mon mental, dans mon état émotionnel, toujours plus enclin à la mélancolie et à l’anticipation. C’est Diwali aujourd’hui, c’est jour de fête, pourtant mon cœur n’arrive pas à l’être. C’est un cercle vicieux : je ne suis pas dans l’instant présent, je m’en veux, me dis que je devrais savoir profiter.

Ce matin dans ma pratique je récitais le nom de Shiva, pour m’aider à me concentrer, pour qu’il m’aide à brûler mon désir par le feu de la pratique. C’est toujours une bonne idée, je me sens soutenue et aidée. Pourtant c’est là, cet état de tristesse interne et sous-jacente est là.

Patience, c’était le maître mot aujourd’hui.


***


Mardi 25 octobre 22, Mysuru


Les jours passent et ne se ressemblent pas.

Les montagnes russes des émotions continuent. Aujourd’hui mon cœur est rempli. Aujourd’hui j’ai eu le sentiment d’être pleinement Présente.

Mon besoin de Communion a été comblé, avec la Nature, avec le Divin, avec les Humains, avec Moi-même.


-


Je ne sais si les Dieux m’entendent, j’ai l’impression en tout cas que Ganesh entend mes prières, que Shiva me soutient, et que Vishnu entend mes mantras intérieurs.

Je remercie chacun d’entre eux, et toutes les autres entités, de me donner à vivre cette expérience magique de l’Inde, de la Vie.

Je remercie les bons et les mauvais moments, pour la joie et pour la connaissance, l’apprentissage, l’apprivoisement de mes parts d’ombre et de lumière.


Happy Diwali


***


Mercredi 26 octobre 22, Mysuru


Ce matin, comme au tout début du mois, j'ai eu l'impression de voler sur mon tapis. Mon corps semblait si léger, dans un état de fluidité aérienne.


Les postures s'enchaînaient les unes après les autres, sur la vague du souffle, calme et profond.

"Mind calm" répète mon professeur, et pour une fois c'est vraiment ce que je ressens, l'esprit est apaisé, tranquille.


Le son des vrtti qui m'assaillaient durant les jours précédents a cessé.

Pause pour un instant.

Comme la pause entre l'inspire et l'expire, la suspension au moment du changement , entre l'expire et l'inspire.


Breathe.


***

Samedi 29 octobre 22, Mysuru


Flot d’eau qui coule et coule. L’océan en moi se déverse, larme après larme, vague après vague.

Larmes de tristesse, larmes de joie, de remerciement. Lavement intérieur qui se déverse à l’extérieur.

Manifestation des eaux internes.


-

Veille du départ. Il est 00.40, cela fait plus d'une heure que l'insomnie est venue se blottir dans mon lit. Je n'en fais jamais, c'est la troisième ce mois-ci. À côté de l'insomnie il y a l'indigestion. Elle est là depuis le matin. Elle a été à mes côtés toute la journée. Non ce n'est pas une indigestion de quelque mauvaise nourriture ingérée dans un boui-boui quelconque au détour d'une rue. Il ne s'agit pas de cela ici. Pas maintenant. C'est une difficulté à avaler l'idée du retour. Elle est là sous-jacente et insidieuse depuis mon arrivée, prenant plusieurs formes et couleurs. Cette nuit, en cette veille de retour elle prend la forme d'une boule dans la gorge qui ne descend pas. Et elle a la couleur de l'eau qui a coulé toute la journée au dedans et au dehors. Veille du départ.


***


Lundi 31 octobre 22, Somewhere in the air.


Il y a parfois des connexions étranges qui se passent de mots.

Des personnes avec lesquelles le silence n'a pas besoin d'être comblé d’inutiles paroles.


Des liens qui se créent avec des questions enfantines. Quand on ne connait rien d'une personne, il y a tout à découvrir. C'est comme ouvrir une boîte de Pandore. Goûter à un plat pour la première fois.


Quel est ton fruit préféré ? Le prénom de tes parents ? Qu'est-ce qui te rend heureux ? Énervé ? Est-ce que tu pleure parfois ?


Silence entre les mots. Contemplation. Partage du moment présent.


L'air sur mon visage me rappelle à la vie. À la joie d'être en vie, de goûter à l'expérience de la pleine présence à soi et au monde.


Thank you for the ride.


***


Lundi 31 octobre 22, airplane Paris – Marseille.


L’atterrissage.


Je n'ai jamais de mal à décoller. L'atterrissage en revanche est toujours plus compliqué. Un petit peu comme dans la vie.

L'avion accélère et le voilà qui se fait engloutir par cette marée nébuleuse. Il plonge et plonge encore dans ce camaïeu de gris humide, parfois il semble remonter à la surface, comme suspendu le temps d'une respiration, puis de nouveau le voilà qui continue sa descente.


De plus en plus proche est le moment où il touchera terre. Je freine déjà des quatre fers. La peur d'aller de l'avant. La peur de s'ancrer dans le concret.


S'envoler, décoller, rejoindre les sphères féériques du rêve et de la pensée est toujours tellement plus naturel et facile pour moi. L'imagination n'a jamais manqué, l'aspiration non plus.


Pourtant voilà il me faut ré-atterrir. Il me faut m'ancrer de nouveau.

5, 4, 3, 2, 1…




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